18 octobre 2018 – CUMA de Condé
18 octobre, Condé-les-Autry – Rencontre avec les acteurs de la :
CUMA de Condé
Son action
Une CUMA est une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole. Les agriculteurs ont, depuis longtemps, une tradition d’entraide et l’habitude de travailler et d’acheter du matériel en commun.
La Cuma leur offre un cadre juridique qui permet de le faire. Par le partage, ils accèdent et peuvent rentabiliser des outils plus spécifiques, plus modernes et innovants qu’ils ne pourraient souvent pas financer seuls,
La CUMA de Condé est née en 1987. Peu à peu, son territoire d’ancrage s’est agrandi et elle associe aujourd’hui 27 exploitations agricoles qui partagent ainsi leur matériel. La particularité du territoire sur laquelle elle est installée, l’Argonne, est la très grande hétérogénéité des terres et les contrastes géographiques (bois, vallées, plateaux…). Contrairement aux « terres blanches » dont nous parlions hier, l’un des agriculteurs témoignent qu’ici, sur une même parcelle, on peut trouver six types de sols différents. La conséquence de cette particularité est la diversité des exploitations : en fonction de la typologie des parcelles, les agriculteurs feront telle ou telle culture, et adopterons telle ou telle pratique culturale. De fait, à la CUMA de Condé, les exploitations ne se ressemblent pas : Certains sont en bio, d’autres en conventionnels. Certains font de l’élevage, et les cultures associées pour nourrir les bêtes, d’autres sont uniquement cultivateurs. Dans l’élevage aussi c’est la diversité : vaches laitières, volailles, cochons…
Mettre à disposition d’exploitations aussi diverses un matériel adapté exige de disposer d’un parc de machine important. A la CUMA de Condé, le parc est de 60 machines. Toutes les machines ne sont bien sûr par utilisée par tous les agriculteurs : en fonction de leurs besoins, ils adhèrent à une « section » de la CUMA et s’engage à un taux d’utilisation des outils de la section de manière à répartir les coûts d’exploitation.
Les agriculteurs adhèrent donc à une CUMA pour des questions de compétitivité, elle est aussi un lieu d’échanges, de contacts, d’apprentissages entre les hommes. Lors de la journée, chacun des associés coopérateurs de la CUMA nous parle assez peu de ce qu’ils nomment « la ferraille », mais nous parle beaucoup du partage, de l’entraide, de l’isolement même que la CUMA leur permet d’éviter.
Ce qu’ils retiennent de la journée
Des résonances avec nos travaux
L’échange avec les associés coopérateurs de la CUMA de Condé sur les principes d’action de la coopération a été très riche. Nous reviendrons plus tard dans notre journal d’itinérance [note : journal du 22/10] sur un point que nous voulons développer, en lien avec les témoignages de la vidéo ci-dessus et la complémentarité à entretenir de façon continue entre compréhension intellectuelle et compréhension humaine.
La souplesse, au service du principe d’action « Entre diversité et unité ».
L’un des éléments marquants à la CUMA de Condé est la manière dont les associés coopérateurs gèrent la très grande diversité des exploitations avec un parc de machines partagées. Ceux qui connaissent bien les 12 principes d’action repéreront sans doute celui que nous avons nommé « entre diversité et unité ». Là où certains tenteraient de gérer cette diversité par des règles, ils préfèrent la gérer en cultivant la souplesse : on peut essayer un matériel même sans faire partie de la section correspondante, certains sont en CUMA intégrale (ils n’utilisent que du matériel de la CUMA et n’ont plus de matériel à eux), d’autres non, certains mettent parfois leur équipement personnel au service de la CUMA, d’autres non, certains mettent leur propre personnel à disposition de la CUMA, d’autre non… Ils gèrent la CUMA avec beaucoup de souplesse, pour permettre à chacun d’en tirer un avantage maximum pour une contrainte minimum. Entre rigidité et laisser-aller, ils trouvent un équilibre qui permet de veiller à la fois au respect de la diversité, tout en gardant la force d’un outil collectif, partagé, mis en commun.