Institut des Territoires Coopératifs

20 mai – Michelin #1 : celui qui sait qui fait

Nous ne pouvions séjourner à Clermont-Ferrand sans faire un détour par « l’Aventure Michelin ». Comme tout un chacun, nous connaissons les pneus, les guides, et les cartes, comme autant d’éléments de notre mémoire collective. Et puis, il y a les rencontres et à Clermont nous avions toutes les chances de croiser des personnes travaillant ou ayant travaillé chez Michelin. C’est donc chemin faisant que nous avons décidé d’aller découvrir cette fameuse « Aventure ». Il ne s’agit pas de relater notre visite mais plutôt de faire part ici de deux choses que nous avons relevées, qui nous ont frappés, sans doute car très en résonance avec le processus coopératif.

Aujourd’hui, intéressons-nous à l’arrivée des frères Michelin dans l’épopée familiale, qui a débuté en 1830 et qui connait  jusqu’en 1886 un bel essor, avant d’amorcer un déclin qui inquiète la mère de ces deux garçons. À sa demande expresse, ils vont reprendre l’entreprise familiale bien que ni l’un ni l’autre ne s’y destine. Edouard est ingénieur et construit des architectures métalliques type Eiffel et André est artiste, étudiant aux Beaux-Arts. C’est ce dernier qui prend la charge de la gérance afin de laisser le temps nécessaire à son frère pour faire face à sa charge de travail du moment. André va développer une manière de manager qui perdure encore aujourd’hui comme une marque de fabrique, une empreinte : il ne connait pas le métier et va partir du principe que « c’est celui qui fait qui sait ». Il va donc demander aux ouvriers de lui apprendre leur métier, et ainsi apprendre le sien. Cette position que nous nommons aujourd’hui de « sachant – apprenant » fait partie de l’ADN du système de management Michelin. Au fil des années, il s’est prolongé dans une démarche qui privilégie le développement personnel des salariés. Il y a 40 ans, le slogan interne de Michelin était « Deviens ce que tu es ». Pionnier de l’innovation participative, Michelin sollicite depuis de nombreuses années ses salariés pour améliorer les produits et les conditions de travail. C’est une véritable culture d’entreprise. Aujourd’hui, le complexe de R&D Michelin accueille des personnes extérieures à l’entreprise pour faciliter les échanges entre les personnes de tout horizon, et permettre l’émergence d’idées…

Cette constance de la posture de « sachant – apprenant » est un des éléments du processus coopératif qui permet d’être pédagogue les uns des autres.


L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche-trans-formation sur les processus coopératifs, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération un levier de développement, de résilience et d'innovation.